Les signaux ne mentent jamais. Des cernes se dessinent autour des yeux. Les visages sont blasés. Les conversations sont plus courtes. Ceux à qui vous parlez sont distraits, la tête ailleurs et vous demandent de répéter. Certains ont la mèche courte et explosent. Des engueulades paralysent l’ambiance. Suis-je la seule à remarquer une fatigue dans les milieux de travail?
Plusieurs employeurs doivent jongler avec un phénomène qui était moins flagrant à pareille date l’an dernier : la fatigue accumulée. La fatigue de leurs employés… et la leur!
La fatigue accumulée : les impacts pour les entrepreneurs et les gestionnaires
Même si le beau temps et la chaleur s'installent, je remarque à chaque semaine des entrepreneurs, des gestionnaires et des employés qui sont au bout du rouleau.
Que nous est-il arrivé au travail? Est-ce que la charge mentale est trop lourde? Est-ce le climat de travail qui est trop lourd? L’incertitude économique et l’anxiété financière sont-elles des sources d’inquiétude? La peur de manquer d’argent nous empêche-t-elle de dormir? Ou avons-nous simplement besoin de vacances plus rapidement qu’à l’habitude?
La vérité, c’est que chacun réagit à sa façon. Chaque situation est unique. Pour beaucoup d’entrepreneurs, je remarque une certaine accumulation. Une accumulation des différentes sources de pression et de tension. Au cours des dernières années, ces femmes et ces hommes ont sacrifié leurs propres besoins, leurs valeurs, leur argent et leurs désirs pour conserver leurs employés coûte que coûte. La pénurie de main-d’oeuvre, combinée à une forte croissance économique, ne leur laissait aucun répit. C’était l’obsession de la rétention à TOUT prix. À CHAQUE semaine.
Ce débalancement des pouvoirs a créé des frustrations chez certains bons employés. Le sentiment d'injustice est un sentiment puissant. Quand on constate que nos collègues peuvent passer leur journées sur leur cellulaire à swiper sur Tinder sans en être inquiétés alors que nous sommes débordés avec l’ouvrage à faire, oui, ça peut créer des frustrations!
La gestion des égos et des besoins individuels
« Si tu ne me donnes pas ce que je veux, je pars! »
L’avez-vous souvent entendu comme employeur? Dans plusieurs entreprises, les besoins individuels des employés ont pris le dessus sur les besoins collectifs. Des employeurs ont choisi d’acheter la paix au risque de démobiliser leurs employés. Les principes d’éthique et de civilité sont trop souvent oubliés. Tout cela alimente les frustrations et crée une fatigue mentale qui se fait sentir.
Tous ces facteurs combinés à une pression financière de plus en plus forte viennent jouer sur notre énergie, autant pour l’entrepreneur que pour ses employés. D’ailleurs, les médias nous bombardent de nouvelles dans lesquels des travailleurs se battent pour joindre les deux bouts.
- Lorsque nos besoins primaires sont menacés, nos réactions deviennent teintées de notre instinct de survie. Certains employés prendront la décision de quitter un employeur de qualité, mais qui ne répond plus financièrement à leurs besoins.
- Pour les employeurs, c’est une pression de plus qui vient s’ajouter. Combien de demandes d’augmentation de salaire imprévues allez-vous recevoir? Combien d’employés talentueux quitteront, faute d’une augmentation? Oui, il faut bien rémunérer son équipe. Tout le monde a droit à un rythme de vie décent, à un salaire décent. Cela inclut également les entrepreneurs qui font des heures incroyables pour assurer la survie de leur entreprise.
- Malheureusement, l’équilibre n’est pas toujours facile à atteindre. La clé demeure la communication, l’ouverture et la transparence. Comme dans plusieurs sphères de notre vie, les solutions arrivent quand toutes les parties y mettent du sien.
Pour gérer et pour prévenir cette situation, voici quelques conseils en rafale pour la gestion de vos employés :
- Prenez le temps de communiquer. En tant qu’entrepreneur, votre entreprise et vous-même avez des besoins. Prenez-le temps d’en discuter. Écoutez RÉELLEMENT les inquiétudes de vos employés. Acceptez leurs émotions. Il n’a rien de plus frustrant qu’une personne qui tente de banaliser nos émotions. Apprenez à accepter leurs émotions et concentrez-vous sur vos besoins respectifs. Comment pouvez-vous trouver des solutions pour répondre à vos besoins?
- Apprenez la résilience. Le mot résilience a été sur-utilisé, mais il est plus pertinent que jamais. Rassemblez-vous! Prenez le temps de réunir votre équipe, formez-les sur la cohésion d’éthique, vos valeurs d’entreprise et la culture d’entreprise.
- Connectez avec votre équipe. Vous avez sûrement des gens dans votre équipe prêts à relever les manches pour bâtir une culture forte. Souvent, on oublie de les impliquer soit par peur de demander, soit par peur de mettre un genou à terre. N’oubliez pas que votre entreprise est constituée de plusieurs bons employés, souvent cachés à travers vos employés toxiques.
La plupart de vos employés vous trouveront des solutions, s'impliqueront personnellement et vous aideront à traverser la tempête. Lorsque je suis devenue mère, on m’a dit de ne pas m’inquiéter. Que ça prenait un village pour élever un enfant, qu’une mère qui tentait de tout faire seule s'épuisait. Dans le même ordre d’idée, ça prend une équipe pour faire prospérer une entreprise, l’entrepreneur qui tente de tout faire seul s’épuisera.
- Protégez-vous en tant qu’employeur. Vous n’êtes pas infaillible. Prenez soin de l’entrepreneur en vous. Faites-vous aider, prenez du temps pour vous et acceptez de laisser partir des éléments toxiques. Vous ne pouvez pas demander à vos employés de s’écouter si vous ne le faites pas vous-même. Quand avez-vous pris du temps pour planifier, pour revoir vos besoins ou tout simplement pris de temps pour prendre soin de vous? Parfois, il faut savoir ralentir pour aller plus vite.
Un vieil adage dit que le temps arrange les choses. Jouer l’horloge, dans ce cas-ci, n’est pas une option. Vous n’avez pas comme employeurs le luxe d’attendre le retour de vacances de vos employés pour qu’ils soient « frais et dispos ».
Prenez des moyens pour gérer l’impact de cette fatigue accumulée sur vos troupes. Et surtout, prenez du temps pour vous. Parce que les vacances sont, quoi qu’on en dise, encore très loin.